TPE 2006-2007: Le Bioethanol

Les Limites et les Inconvénients du Bioéthanol

La mise en place de ce nouveau biocarburant, le bioéthanol n’est pas entièrement réglé. De nombreux problèmes subsistent encore. Bien qu’ils quelques uns paraissent simples à résoudre il ne faut pas les négliger. Entre des recherches qui n’affichent pas tous les mêmes résultats, et une agriculture réticente, le pétrole a bien le temps de ridiculiser le bioéthanol. Hélas pour notre TPE tout n'est pas vert - pardon, rose, pour le bioéthanol.

1) Un bilan écologique contrasté :
Plusieurs études ont été réalisées depuis le début du XXIème siècle. Ces études scientifiques portent un coup à l'éthanol : deux de ces recherches viennent de remettre en cause l'intérêt du développement de l'éthanol comme biocarburant alternatif à l'essence.
La première est une étude américaine parue dans Bioscience .  Elle conclut que l'éthanol à usage de carburant réduit la biodiversité, augmente l'érosion du sol, et consomme de grandes quantités d'eau.
La seconde est une étude anglo-américaine publiée dans « Nature resources research » et dans le « Journal De L'Environnement » . Elle estime « qu'il n'y a aucun bénéfice énergétique à utiliser la biomasse des plantes pour fabriquer du carburant ». Selon les chercheurs de l'université de Cornell  et de Berkeley  , le processus de fabrication d'éthanol exigerait 29% d'énergie de plus que celle que l'éthanol peut produire comme carburant. Son intérêt majeur étant de réduire les émissions de CO2, un gain estimé, selon diverses études, entre 20 et 80 %.
De nombreux experts pointent pourtant les gros besoins en énergie que nécessitent la production d'éthanol, son transport, sa transformation et sa distribution. Comparés à la conférence de presse du 01.03.05 au SIMA (référence au 2.1) les résultats diverges. Les bilans écologiques sont donc ambigus et les scientifiques ne paraissent pas entièrement d’accord. Pour comparer ces recherches il faudrait avoir accès aux facteurs qu’elles prennent en compte.

2) Un problème d’agriculture à résoudre :
Le recours à un mode d'agriculture intensive pour leur production induit une utilisation importante d'engrais et de pesticide, avec à la clef des risques d'acidification des sols et d'eutrophisation des eaux. En outre, ce type de monoculture tend à réduire la biodiversité. De plus si l'amélioration des rendements passe par une sélection des semences, on ne fera pas l'économie d'un débat sur les manipulations génétiques qui permettraient d'améliorer les performances de ces cultures à vocation énergétique. Il est donc inutile de se bercer d'illusions, les biocarburants ne sont pas la panacée. Dans un premier temps, ils permettront au mieux de compenser les émissions croissantes de CO2 liées à l'augmentation continue du transport routier. Pour augmenter cet impact environnemental de manière plus significative, il faudrait accroître l'utilisation des carburants "verts", mais leur potentiel de production demeure limité en raison de la surface agricole disponible et de contraintes agronomiques. Il est donc exclu que ceux-ci remplacent totalement les carburants fossiles. Ils ne sont qu'une des alternatives les plus immédiates au pétrole et ne nous dispenseront pas du nécessaire changement qui doit intervenir dans nos habitudes de consommation énergétique. On peut alors s’interroger sur l’avenir du bioéthanol dans l'avenir de l'agriculture. Là encore, inutile de s'emballer. Nombreux sont d'ailleurs les agriculteurs qui demeurent sceptiques. A priori, sur fond de réforme de la PAC  et de négociations au sein l'Organisation mondiale du commerce, la filière biocarburants permettra surtout d'offrir de nouveaux débouchés aux productions excédentaires et de tendre quelque peu les prix du marché pour les céréales et les betteraves notamment. Encore faut-il voir quel prix sera offert pour ces matières premières.

3) Le pétrole et le bioéthanol, une lutte déloyale :
Le coût de production du bioéthanol et de tous les biocarburants est supérieur au prix hors taxes des carburants fossiles. En effet, la forte présence d'alcool dans le
bioéthanol lui confère un rendement énergétique inférieur à celui des carburants traditionnels, ce qui, pour le consommateur, entraîne une surconsommation de 20 et 30 %. Tous les biocarburants doivent donc bénéficier d'une défiscalisation pour être compétitifs. Même dans ce cas de figure, il ne sera pas évident pour le bioéthanol européen de rivaliser avec la production brésilienne dont les coûts demeurent particulièrement bas comme nous le montre le tableau ci dessous. Ceci dit, la hausse du prix du pétrole réduit cet écart. Selon l’ADEME , l'éthanol deviendrai rentable à partir de 100 dollars pour un baril de pétrole. Mais le développement de nouvelles unités de production industrielles et les économies d'échelle qui en découlent devraient permettre d'abaisser les coûts de fabrication des carburants "verts".

Prix HTT essence et coût de production des biocarburants € / litre  € / litre équivalent essence
Essence Europe Brut à 25$/bl

Essence Europe brut à 60$/bl

Ethanol Europe    0.2
0.2

0.4 / 0.45

0.5
0.2

0.4 / 0.45

0.75
Ethanol Brésil

Ethanol Etats Unis
0.2

0.3
0.3

0.4

 Source : CIVEPE, Janvier 2006 - prix et coût des différents carburants en août 2005


Bilan:
Le bioéthanol est donc un biocarburant qui n’est pas encore au point, il devrait bénéficier d’une étude complète pour éclairer ses avantages et ses inconvénients ainsi qu’une amélioration de son agriculture, et de sa fabrication pour être compétitif avec le pétrole.


Conclusion
    Le développement du bioéthanol à grande échelle aura un impact limité sur les émissions de gaz à effet de serre et sur l’indépendance énergétique, au prix d’une mobilisation importante de terres cultivables et des problèmes écologiques que cela soulève. Le bioéthanol, comme tout les biocarburants soulève beaucoup d’émois de la part des grandes puissances industrielles du monde entier. Qu’en est-il pour la France ? Ou encore pour le Brésil qui semble apparaître comme un pays précurseur sur l’utilisation de biocarburants.