La
mise en place de ce nouveau biocarburant, le bioéthanol
n’est pas entièrement réglé.
De nombreux
problèmes subsistent encore. Bien qu’ils quelques
uns
paraissent simples à résoudre il ne faut pas les
négliger. Entre des recherches qui n’affichent pas
tous
les mêmes résultats, et une agriculture
réticente,
le pétrole a bien le temps de ridiculiser le
bioéthanol.
Hélas pour notre TPE tout n'est pas vert - pardon, rose,
pour le
bioéthanol.
1) Un bilan écologique contrasté :
Plusieurs études ont été
réalisées
depuis le début du XXIème siècle. Ces
études scientifiques portent un coup à
l'éthanol :
deux de ces recherches viennent de remettre en cause
l'intérêt du développement de
l'éthanol
comme biocarburant alternatif à l'essence.
La première est une étude américaine
parue dans
Bioscience . Elle conclut que l'éthanol
à usage de
carburant réduit la biodiversité, augmente
l'érosion du sol, et consomme de grandes
quantités d'eau.
La seconde est une étude anglo-américaine
publiée
dans « Nature resources research » et dans le
«
Journal De L'Environnement » . Elle estime « qu'il
n'y a
aucun bénéfice énergétique
à
utiliser la biomasse des plantes pour fabriquer du carburant
».
Selon les chercheurs de l'université de Cornell et
de
Berkeley , le processus de fabrication d'éthanol
exigerait
29% d'énergie de plus que celle que l'éthanol
peut
produire comme carburant. Son intérêt majeur
étant
de réduire les émissions de CO2, un gain
estimé,
selon diverses études, entre 20 et 80 %.
De nombreux experts pointent pourtant les gros besoins en
énergie que nécessitent la production
d'éthanol,
son transport, sa transformation et sa distribution.
Comparés
à la conférence de presse du 01.03.05 au SIMA
(référence au 2.1) les résultats
diverges. Les
bilans écologiques sont donc ambigus et les scientifiques ne
paraissent pas entièrement d’accord. Pour comparer
ces
recherches il faudrait avoir accès aux facteurs
qu’elles
prennent en compte.
2) Un problème d’agriculture à
résoudre :
Le recours à un mode d'agriculture intensive pour leur
production induit une utilisation importante d'engrais et de pesticide,
avec à la clef des risques d'acidification des sols et
d'eutrophisation des eaux. En outre, ce type de monoculture tend
à réduire la biodiversité. De plus si
l'amélioration des rendements passe par une
sélection des
semences, on ne fera pas l'économie d'un débat
sur les
manipulations génétiques qui permettraient
d'améliorer les performances de ces cultures à
vocation
énergétique. Il est donc inutile de se bercer
d'illusions, les biocarburants ne sont pas la panacée. Dans
un
premier temps, ils permettront au mieux de compenser les
émissions croissantes de CO2 liées à
l'augmentation continue du transport routier. Pour augmenter cet impact
environnemental de manière plus significative, il faudrait
accroître l'utilisation des carburants "verts", mais leur
potentiel de production demeure limité en raison de la
surface
agricole disponible et de contraintes agronomiques. Il est donc exclu
que ceux-ci remplacent totalement les carburants fossiles. Ils ne sont
qu'une des alternatives les plus immédiates au
pétrole et
ne nous dispenseront pas du nécessaire changement qui doit
intervenir dans nos habitudes de consommation
énergétique. On peut alors s’interroger
sur
l’avenir du bioéthanol dans l'avenir de
l'agriculture.
Là encore, inutile de s'emballer. Nombreux sont d'ailleurs
les
agriculteurs qui demeurent sceptiques. A priori, sur fond de
réforme de la PAC et de négociations au
sein
l'Organisation mondiale du commerce, la filière
biocarburants
permettra surtout d'offrir de nouveaux débouchés
aux
productions excédentaires et de tendre quelque peu les prix
du
marché pour les céréales et les
betteraves
notamment. Encore faut-il voir quel prix sera offert pour ces
matières premières.
3) Le pétrole et le bioéthanol, une lutte
déloyale :
Le coût de production du bioéthanol et de tous les
biocarburants est supérieur au prix hors taxes des
carburants
fossiles. En effet, la forte présence d'alcool dans
le
bioéthanol lui confère un rendement
énergétique inférieur à
celui des
carburants traditionnels, ce qui, pour le consommateur,
entraîne
une surconsommation de 20 et 30 %. Tous les biocarburants doivent donc
bénéficier d'une défiscalisation pour
être
compétitifs. Même dans ce cas de figure, il ne
sera pas
évident pour le bioéthanol européen de
rivaliser
avec la production brésilienne dont les coûts
demeurent
particulièrement bas comme nous le montre le tableau ci
dessous.
Ceci dit, la hausse du prix du pétrole réduit cet
écart. Selon l’ADEME , l'éthanol
deviendrai
rentable à partir de 100 dollars pour un baril de
pétrole. Mais le développement de nouvelles
unités
de production industrielles et les économies
d'échelle
qui en découlent devraient permettre d'abaisser les
coûts
de fabrication des carburants "verts".
Prix HTT essence et coût de production des biocarburants | € / litre | € / litre équivalent essence |
Essence
Europe Brut à 25$/bl Essence Europe brut à 60$/bl Ethanol Europe 0.2 |
0.2 0.4 / 0.45 0.5 |
0.2
0.4 / 0.45 0.75 |
Ethanol
Brésil Ethanol Etats Unis |
0.2
0.3 |
0.3
0.4 |
Source
: CIVEPE, Janvier 2006 - prix et coût des
différents carburants en août 2005
Bilan:
Le bioéthanol est donc un biocarburant qui n’est
pas
encore au point, il devrait bénéficier
d’une
étude complète pour éclairer ses
avantages et ses
inconvénients ainsi qu’une amélioration
de son
agriculture, et de sa fabrication pour être
compétitif
avec le pétrole.
Conclusion
Le développement du
bioéthanol
à grande échelle aura un impact limité
sur les
émissions de gaz à effet de serre et sur
l’indépendance énergétique,
au prix
d’une mobilisation importante de terres cultivables et des
problèmes écologiques que cela
soulève. Le
bioéthanol, comme tout les biocarburants soulève
beaucoup
d’émois de la part des grandes puissances
industrielles du
monde entier. Qu’en est-il pour la France ? Ou encore pour le
Brésil qui semble apparaître comme un pays
précurseur sur l’utilisation de biocarburants.